Si Leslie Voltaire a triomphé de Conille dans le duel qui les opposait, c’est surtout en raison des maladresses de celui-ci que de la toute-puissance de celui-là.

Voltaire et Conille se jettent des pierres dans leurs jardins respectifs sans se rendre compte qu’ils font des moulinets dans le vide.

Tous les Haïtiens et toutes les Haïtiennes d’ici et d’ailleurs savent que nous avons perdu depuis longtemps les attributs attachés à notre souveraineté.

Le 18 juin dernier j’écrivais à une amie sceptique sur les chances de Conille d’apporter une solution à notre crise sécuritaire que ce dernier avait droit à son été indien.

Je suis tenté de paraphraser Marie-Jeanne Phlipon, plus connue sous le nom de Madame Roland, qui s’écria en montant à l’échafaud le 8 novembre 1793 “ Ô liberté! que de crimes on commet en ton nom!” Je dirais aujourd’hui “ Ô Constitution ! que d’absurdités on dit en ton nom!” Nous vivons depuis plus de trois ans dans une situation ubuesque que je qualifierais d’un néologisme: aconstitutionnelle.

Que se passe-t-il dans la tête de Jimmy Chérizier? Jusqu’à peu, il se complaisait dans la véhémence oratoire qui n’allait pas sans une forme d’intelligence politique et une impudence révoltante quand il affirmait ne s’être jamais adonné aux actes de kidnapping et d’assassinat, et qu’il se proclamait révolutionnaire.

Toutes proportions gardées, et elles sont grandes, il n’en reste pas moins que Garry Conille soit confronté aux mêmes défis que dut affronter Franklin Delano Roosevelt lors de son accession à la présidence des Etats-Unis en 1932.

Pour reprendre et compléter le propos tenu par Antoine Boulay de la Meurthe à l’occasion de l’exécution du duc d’Enghien le 21 mars 1804, le triple meurtre de Lison par un duo de gangs affiliés à Viv Ansamn fut plus qu’un crime atroce, une faute irréparable.

Tous les initiés, plus particulièrement les membres du Conseil présidentiel de transition, savaient depuis un mois que le choix de Washington pour le poste de Premier ministre était Garry Conille.

Les dirigeants de la Caricom se sont-ils mépris sur des déclarations d’intentions louables des parties prenantes haïtiennes pour enfanter cette combinaison à plusieurs têtes qu’est le Conseil présidentiel de transition? Ont-ils fait montre d’ingénuité? Non.